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03 juin 2023

Voyage à Oléron (2/3): Royan - St Pierre

Pointe de Grave - Royan - Oléron J’adore les traversées en ferry, l’ambiance à bord avec odeurs de mazout sur le pont des autos, les salons moquettés, les coursives et bien sûr les ponts extérieurs où dès que le bateau bouge, il y a du vent. On est arrivés un peu tôt, malgré un court détour par la dune et le phare St Nicolas où nous ne parviendrons pas à trouver de point de vue sur l’océan alors que nous sommes à l’extrême Nord de la péninsule du Médoc : trop de pins qui nous cachent l’horizon. Nous patienterons donc 30 mn au terminal.  

Un peu dommage de nous être pressés mais ce sont les vélos qui embarqueront les premiers, ce qui nous permettra d’être rapidement servis au bar. Comme prévu, nous pouvons prendre notre petit déj agrémenté des croissants du bord qui complètent notre assiette de céréales. Sur bâbord, au loin vers le large, le phare de Cordouan planté sur son banc de sable balise l’entrée de la Gironde depuis plus de 150 ans. La mer est calme. 25 mn c’est court. Nous débarquons à Royan où nous avons prévu de flâner un peu. Cette ville balnéaire, martyre de la seconde guerre mondiale qui l’a vue rasée par 2 bombardements alliés en 1945, a été complètement reconstruite dans les années 50. Cela lui donne une homogénéité architecturale rare, intéressante et assez réussie. Bien que complètement différente, elle me rappelle la Grande Motte. Nous commençons par visiter la Cathédrale, monument immanquable tant il se voit de loin. Bâtiment de béton terni et assombri par les ans, franchement pas très attrayant vu de l’extérieur sous un ciel gris,

 

il nous étreint dès qu’on y pénètre.

   

L’entrée triangulaire, étroite, laisse voir au fond, derrière l’autel, le magnifique vitrail lui aussi de forme triangulaire qui du coup semble s’imbriquer. On dirait des braises bleues et rouges qui rayonnent au fond de l’âtre d’une cheminée. Ce n’est pas seulement l’architecture qui nous saisit. La musique aussi. En effet, le grand orgue de Notre Dame de Royan est joué par Philippe Lefèbvre, titulaire de l’orgue de Notre Dame de Paris qui donne un récital le soir et qui répète ce matin. L’acoustique du lieu, la puissance de l’instrument, le talent de l’organiste qui joue et improvise se conjuguent pour créer une expérience sensorielle nouvelle pour nous.

   

Une pépite inattendue de ce voyage. Nous repartirons après avoir passé au final près d’une heure dans l’église à visiter, écouter, nous recueillir.

   

Nous faisons le détour par le marché en quête de notre pitance pour le pique-nique selon le rituel habituel puis quittons Royan par la Vélodyssée. Elle est très bien aménagée sur la corniche côtière, très agréable.  

Les villas se suivent, se ressemblent souvent mais pas forcément. Beaucoup ont été construites au moment du premier boom du tourisme des années 20 ou 30. On est rarement dans le luxe mais souvent dans un cossu qui témoigne néanmoins de la sociographie du coin. Après une dizaine de kilomètres et le phare de Terre Nègre, les villas s’espacent, la nature s’ensauvageonne, les plages s’étirent. On suit une piste cyclable dans les pins qui soudainement vire à 90°, coincée entre le club Med et un golf avant de déboucher rapidement sur la belle plage de la Palmyre. C’est beau, tellement conforme au rêve de vacances de tant de gens qu’on s’empêche d’imaginer ce lieu en plein mois d’août. C’est parfait pour nous en cet instant pour y pique-niquer. Bonus: une paillote est ouverte où l’on nous sert notre café quotidien. Nous pourrions continuer à rouler sur la piste cyclable, agréable, ondulante, bien moins rébarbative que celle que nous avons empruntée sur quelques kilomètres en Gascogne pour rejoindre parallèlement à la côte sauvage, à travers la forêt domaniale de la Coubre et en une vingtaine de kilomètres le pont sur la Seudre. Cela nous aurait valu probablement de bons moments dans la nature et de beaux points de vue sur l’océan. Mais finalement nous préférons mettre le cap vers l’Est, avec comme objectif de rejoindre le marais de la Seudre et la petite ville ostréicole de la Tremblade. L’observation de la carte a éveillé ma curiosité pour cette partie du bassin de Marennes. En plus, cela raccourcira légèrement l’étape. Nous ne regretterons pas ce choix. Nous découvrirons à la Tremblade la culture ostréicole locale assez différente de celle que nous connaissons autour de l’étang de Thau. L’architecture du village (dans sa partie ancienne) annonce la Vendée. Les rues finissent souvent en ruelles voire en passages. Dans le marais, les cabanes peintes des ostréiculteurs égaient le paysage et anticipent Oléron.  

Puis nous enchaînons les ponts ; pour franchir la Seudre, d’abord, puis le cousteau d’Oléron. J’avais repéré un passeur par bateau pour rejoindre directement Saint Trojan les Bains sur l’île d’Oléron depuis la Tremblade mais il n’opère pas en dehors de la haute saison. C’est bien dommage. Mettre pied à terre sur une île sans débarquer d’un bateau, c’est un peu comme boire une bière sans alcool. Va pour les viaducs. On s’engage avec une petite appréhension: y aura-t-il la place de rouler sans être frôlé par les voitures ou les camions, sans être bousculé par le vent? En fait, tout s’est passé sans le moindre souci. La Seudre est large, très large. Qui connait ce fleuve en dehors des locaux ? Sur le pont d’Oléron, le regard est attiré par fort Louvois, îlot fortifié à un jet de pierre de la jetée du Chapus dont il reste le vestige. Elle servait à réduire les temps de traversée du bac en raccourcissant la distance et surtout en permettant de passer à marée basse. Tout au loin, nous reconnaissons la silhouette du désormais incontournable Fort Boyard. Franchir les estuaires sur un pont a ses avantages.  Après la longue descente du viaduc, nous touchons Oléron, notre but. Nos hôtes nous attendent en soirée au centre de l’île, à St Pierre. Nous ne sommes pas pressés, nous décidons donc de prendre un itinéraire passant par Château d’Oléron puis par la côte Est et le marais, peut-être moins direct mais plus intéressant. Château d’Oléron est devenu une bourgade assez touristique qui capitalise sur les cabanes colorées pour créer une atmosphère photogénique avec des couleurs qui claquent pour séduire les touristes comme nous. La plupart d’entre elles sont devenues des boutiques de créateurs (uniquement la vente d’objets réalisés localement; pas de négoce) ou des restaurants. Il est vrai que le charme opère, tout du moins lorsque l’affluence reste mesurée.  Point trop n’en faut. Nous nous engageons dès que possible sur un chemin de traverse où nous pourrons trouver de “vraies” cabanes utilisées par des ostréiculteurs,

puis poursuivons notre route, non sans avoir un peu flâné dans les rues orthogonales de cette ancienne ville militaire très coquette.

 

La côte Est de l’île fait face au continent. L’estran forme une bande vaseuse de plus de 3 km à cet endroit, ce qui repousse l’eau bien loin de la côte à marée basse. Sur cette partie de l’île, les marais salants ont été transformés au XIXe siècle en claires, ces bassins remplis et vidés au rythme des marées où les ostréiculteurs élèvent leurs huîtres renommées (les fines de claires). Pour nous, sur notre vélo cela nous donne l’occasion de déambuler dans un paysage très verdoyant en cette saison, égayé par des fleurs jaunes omniprésentes et à nouveau des cabanes colorées, véritable signature de l’île. Plus à l’intérieur, les marais sont utilisés en pâturages et les petites routes qui les traversent font de merveilleuses pistes cyclables par lesquelles nous parvenons jusqu’à notre destination en soirée, dans une belle lumière de fin de journée car le ciel s’était totalement dégagé. Génial! Nous passerons 3 jours à Oléron, basés à St Pierre, roulerons de manière à découvrir quasiment l’ensemble de l’île, de la pointe de Chassiron et son phare à la plage de Gatseau tout au Sud, sur le pertuis de Maumusson que nous rejoindrons en parcourant la côte Ouest, plus sauvage 

et où se trouve le seul port de pêche de l’île: la Cotinière. La très belle forêt Domaniale de St Trojan nous a révélé de magnifiques chemins (interdits aux vélos en saison)

menant à une plage splendide à l’extrémité Sud de l’île. Lors de la journée où nous nous sommes déplacés en voiture, nous avons réalisé la chance d’avoir pu arriver sur l’île à vélo. En effet, la route par laquelle on arrive en voiture est un axe central à grande circulation sur lequel les commerces hideux mais malheureusement habituels de nos entrées en ville ont poussé. A l’opposé de l’expérience “îlienne” que nous avons vécue en arrivant par les petites routes et pistes cyclables fort bien développées, peu fréquentées en ce dernier jour d’avril. Voici quelques-unes encore des nombreuses photos prises sur ces 3 jours.

Suite et fin : Oléron - Angoulême.

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