Le lendemain, le départ est forcément un peu retardé car on papote un peu au petit dej.
La route qui quitte Belvaux pour mener à Han commence par un bon raidard. Le plus dur de la journée. Pause ravito rapide à l’épicerie de Han, nous continuons en direction de Rochefort, par les petites routes. La Lesse trouve sur ces terres de Famenne un espace qui la laisse dessiner de jolis méandres dans les prairies. On n’est plus dans les bois et les vallées escarpées qu’elle s’est creusées en amont.
Passage rapide à l’Abbaye de Rochefort. Elle ne se visite pas, contrairement à Orval et des travaux assez importants perturbent le calme habituel. Qu’à cela ne tienne, nous la connaissons et ne sommes pas en avance sur notre programme, nous continuons par des chemins balisés en itinéraires vélo. La région est propice au tourisme à bicyclette et la Wallonie aussi a adopté le système “Points-Nœuds”. Il ne nous est pas utile car la trace est chargée dans le GPS et nous apprécions une fois de plus le confort du guidage alors que nous nous faufilons dans la campagne. Nous apprécions aussi le vent dans le dos, d’autant plus qu’il est soutenu. Le contraire aurait été pénible. Dans les faux-plats descendants, vent dans le dos, nous nous prenons pour des cyclosportifs. Les moyennes sont inhabituelles. Nous sommes loin d’être les seuls cyclistes mais par contre, nous ne somme pas nombreux à nous déplacer à la seule force des mollets (et du vent): nous sommes désormais installés définitivement dans l’ère du cyclotourisme assisté et aurons désormais - et pour le reste du voyage -le net sentiment d’appartenir à une espèce entrain d’être complètement ringardisée. La couleur des cheveux (la même que les miens) devient majoritairement gris, et les vélos utilisés sont majoritairement de gros engins électrifiés. L’assistance électrique change le public de cyclotouristes, ce qui n’a pas que des avantages.
Il est l’heure de déjeuner quand nous parvenons à Hotton, jolie bourgade sur la rivière Ourthe. Malgré un pique-nique bien prévu, nous ne pouvons résister à l’envie d’un cornet de bonnes frites belges. Comme nous sommes 2, nous pensons qu’un cornet de taille “grande” devrait être largement suffisant. Eh bien !! suffisant il fut. Une taille “normale” aurait parfaite pour nous 2! Bienvenue en Belgique. Elles étaient très bonnes.
L’Ourthe est un affluent important de la Meuse qu’elle rejoint à Liège. Nous passerons le reste de la journée à la suivre de plus ou moins loin.
Magnifique section, à travers de belles futaies de feuillus. L’automne ici doit être somptueux.
Notre destination du jour: la ville de Hamoir (un restaurateur espiègle y exploite un restaurant qu’il a nommé avec plein d’humour " Hamoir et à manger"), où un autre cousin viendra nous récupérer en voiture.
A Bomal, le fléchage vélo nous offre une alternative: soit continuer le long de l’Ourthe, soit la quitter. Nous comprenons grâce à la mention “interdit en cas de crue” que l’itinéraire le long de l’Ourthe est plus “VTC” que vélo de route. C’est celui que nous choisirons, et nous ne le regretterons pas, malgré le fait que la roulabilité réduite nous fasse ralentir. C’est très bucolique et il fait assez chaud.
Nous piquerons rapidement une tête dans la rivière (un incontournable de nos vacances estivales à vélo) en un lieu très calme, loin de la circulation automobile, un peu à l’entrée de gorges qui forceront la ligne de chemin de fer à tutoyer les berges de l’Ourthe.
Ceci nous met un peu en retard pour notre rendez-vous à Hamoir mais rien de méchant.
La soirée et la journée du lendemain sont très agréables. Nous retrouvons le confort d’un logement en dur pour 2 nuits supplémentaires. La cousine a fait signe à ses frères et sœur et le mercredi, nous nous retrouvons pour rouler tous ensemble sur une jolie boucle dans le Limbourg, cette province belge calée contre les Pays-Bas dont Hasselt est la capitale. Le paysage est majoritairement constitué de vergers, nos hôtes nous apprenant que la province a depuis plusieurs années misé sur le tourisme à vélo notamment pendant la période de floraison des fruitiers. Une petite journée à vélo bien agréable, sans sacoches, terminée par un bon BBQ. Les vacances, quoi!
Le jeudi, nous sommes à nouveau conduit pour retrouver notre itinéraire à Maastricht distante de 40 mn en voiture. Journée spéciale car nous retrouvons Pierre alias Pedrodaluna du forum, qui est parti la veille de Bruxelles avec son fils. Nous prévoyons de parcourir cette étape ensemble, de bivouaquer au pied des Ardennes et de nous séparer le lendemain. RDV pris sur la place du marché de cette ville néerlandaise célèbre pour le traité européen qui y fut signé, mais dont nous ne savons rien d’autre que c’est une très belle et vieille ville.
Pierre et moi nous connaissons depuis le projet des 7 Majeurs et c’est avec plaisir que je le retrouve et le présente à Catherine. Le fils de Pierre est est long gaillard de 17 ans courageux à qui son père a fait démarrer l’expérience du voyage à vélo par une étape de 120 kilomètres! Le courant passe d’emblée, sans surprise tant Pierre sur notre approche du cyclotourisme comme sur d’autres sujets. Après quelques tours de roues pour découvrir quelques bribes de cette ville effectivement très belle et très animée (surtout en ce jour de marché), nous traversons la Meuse qui semble avoir décuplé depuis que nous l’avons quittée près de Verdun
et nous engageons sur une pente ascendante de quelques dizaines de kilomètres dans la campagne néerlandaise.
Les options finales n’ont pas été décidées. Pierre a suggéré que nous passions par le “Point des Trois Frontières”, sommet des Pays-Bas matérialisant la jonction des frontières néerlandaises, allemandes et belges. Proposition qui m’a immédiatement plu.
L’hésitation concerne Aix-la-Chapelle, ville historique s’il en est, qui était dès l’origine sur mon projet d’itinéraire. Finalement, nous ferons l’impasse, craignant de manquer de temps, de rendre l’étape trop longue et d’arriver tard au bivouac.
Une haute tour est construite sur ce point haut. Nous monterons au sommet, en quête d’une jolie vue sur les 3 pays et ne le regretterons pas.
Finalement nous verrons bien Aix-la-Chapelle, de loin, distante de seulement une dizaine de kilomètres.
Ca nous suffira pour aujourd’hui.
Nous quittons ce point géographique remarquable en direction de la Belgique, en route pour les Hautes Fagnes, région la plus haute du pays au pied desquelles se trouve notre bivouac. Pas du bivouac sauvage à proprement parler. L’ONF belge a créé 3 aires de bivouac dans ce massif, où l’on peut réserver (gratuitement) pour une nuitée.
La forêt est très belle. La Soor, ruisseau qui descend des Fagnes, est limpide. Il remplacera avantageusement la douche du soir.
Le lendemain, le temps est beau au lever. On en profite car la météo prévoit l’arrivée imminente d’une perturbation. Une fois le camp levé, nous entamons une longue et très belle montée sans grande déclivité sur une route forestière goudronnée. Quelques animaux surpris détalleront devant nous. Le ciel s’assombrit, conformément aux prévisions, puis c’est la pluie.
Catherine et moi arrivons juste à un abri où nous trouverons refuge car la drache est sévère. Pierre et son fils sont derrière et nous les verrons arriver quelques minutes plus tard déjà bien trempés. Ils continuent, n’ayant plus rien à perdre alors que nous restons abrités en espérant une accalmie. Illusion que nous garderons 10 minutes, avant que nous nous décidions, bien recouverts de ponchos et autres vêtements de pluie, chaussés de nos crocs “spécial pluie” de repartir. Les derniers kilomètres de montée sont roulés sur une nationale bien passante mais la météo a dissuadé les touristes de venir en nombre comme nous le craignions. Quand je parviens à la baraque Michel, Pierre et son fils sont attablés à l’auberge. Ils ont commandé une soupe et une omelette pour compléter un petit dej frugal et se réchauffer. Le front est passé et avec lui la pluie. Quand nous ressortons, le ciel est bas mais il ne pleut plus. Le pneu plat sur le vélo du fils de Pierre nous retarde mais nous réparons rapidement. Photo au point culminant de la Belgique, le Signal de Botrange (694m) qui est tout sauf un sommet. Un simple point géodésique dans un magnifique paysage de tourbières.
Pas spectaculaire mais très beau. La météo nous gratifie d’une belle ambiance et d’une affluence faible.
C’est ici que Catherine et moi, Pierre et son fils, nous dirons au revoir, après un peu plus de 24h passées ensemble. Ils redescendront vers Verviers pour un retour vers Bruxelles en train alors que nous poursuivons, cap au Sud-Est en direction de l’Allemagne.
Puisque nous sommes au point culminant du pays, nous ne pouvons nous aussi que descendre. Nous rejoignons la Vennbahn, une célèbre voie verte sur emprise d’une voie ferrée transformée comme souvent en piste cyclable. Cet itinéraire commence en Allemagne, poursuit en Belgique et se termine au ou proche du Luxembourg. Nous n’en parcourrons que quelques dizaines de kilomètres, car nous bifurquerons vers la partie Est de la Belgique, germanophone (3ème langue officielle du royaume). Une découverte pour nous: malgré des voyages en Belgique depuis ma plus tendre enfance, je n’étai jamais allé dans cette partie rattachée à la Belgique après le traité de Versailles. Au bord d’un joli lac, nous retrouvons des champs de framboises (que nous serons les seuls à cueillir).
Retardés par des courses un peu longues, nous accélérons, ce qui ne m’empêche pas de m’arrêter pour une photo sur la LPE Meuse/Rhin (les habitués connaissent mon intérêt bizarre pour les LPE).
Nous craignons d’arriver trop tard pour le camping car par ici, tout ferme plus tôt qu’en France. Inquiétude assez fondée mais par chance, nous trouverons le responsable du camping malgré la fermeture. Nous allons passer notre première nuit en Allemagne dans ce petit camping sans aucune autre tente: uniquement des maisonnettes, caravanes et autres bungalows.
4 étapes: J4 : 72 km
J5 (boucle avec cousins): 36 km
J6 (avec Pierre): 58 km
J7: 62 km.
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