Notre tente était “plantée” à 5 m de la route mais nous n’avons pas vu ni entendu une seule voiture pendant la nuit ni même ce matin.
Vers 8h15 les vélos sont chargés, les bidons remplis: c’est le départ. Nous ne sommes qu’à 2 ou 3 km du premier col du jour, le col de Valmigère (705m).
Nous y sommes accueillis par des génisses fort curieuses et photogéniques qui semblent se bousculer pour être sur la photo.
La vue du col est splendide. C’est un balcon tourné face à la chaîne orientale des Pyrénées. Quelle bonne idée nous avons eue de nous arrêter à Valmigère pour l’étape! Si nous avions continué sous l’orage, hier, nous n’aurions rien vu!
Tout à gauche, bien que peu visible, le Canigou se révèle dans la brume grâce à la blancheur de ses flancs enneigés. Pile en face, c’est le Pic de Bugarach, rendu célèbre en 2012 par les fêlés qui comptaient s’y réfugier pour échapper à la fin du monde. Il a une forme reconnaissable de loin! A droite, les montagnes enneigées du Pic de Madrès, sommet du département de l’Aude annoncent le Capcir et les Pyrénées ariégoises, elles aussi enneigées, qui les jouxtent.
Après quelques kilomètres de descente, nous prenons à gauche vers l’Est et abandonnons notre itinéraire prévu au départ. Nous avons décidé de rentrer à Narbonne par la haute vallée de l’Orbieu et en faisant le détour par Termes et son château célèbre.
Nous roulons à présent sur une petite route en balcon qui serpente à flanc de montagne et nous apporte de multiples points de vue. Seuls les chants des oiseaux égaient le calme ambiant. Les fleurs des champs rivalisent de coquetterie pour y ajouter le plaisir des yeux (et moins des narines de Catherine, allergique aux pollens de graminées). Je scrute les détails du paysage que j’ai imaginé pendant des heures sur les cartes topographiques lors de la préparation de cette randonnée, à la recherche du meilleur itinéraire et d’un lieu pour bivouaquer. J’adore cette superposition de ce que mes yeux voient “en vrai” avec ce que mon cerveau a composé comme image 3D “virtuelle” dans ma mémoire.
Tenté par le détour par le col de l’Homme Mort, à 2 petits kilomètres, que le chasseur de col qui sommeille en moi me pousse à aller gravir, je ne succomberai pas. Non, la journée est assez longue comme cela. On reviendra dans l’Aude un jour, c’est sûr.
Un kilomètre plus loin, au carrefour sous le village de Bouisse, nous discutons l’itinéraire. A droite, le descente directe mais plus longue par les gorges de l’Orbieu que j’ai bien envie de voir. A gauche, chemin plus court (mais encore un peu de montée) par Bouisse mais qui risquait de nous faire rater ce que la carte indique comme la partie la plus étroite des gorges et qui me semble la plus intéressante. Nous prenons à droite. La descente est longue, roulante mais pas trop. Nous n’avons toujours pas vu de voiture ce matin et ça devient dangereux. On s’habitue à rouler comme si il n’y en aurait jamais. Nous en croisons finalement une dans une portion rectiligne. Le conducteur, un local, ne s’attendait pas à nous croiser non plus. Je repense aux virages sans visibilité de cette route étroite, ...
Les gorges de l’Orbieu sont tranquilles et belles mais ça n’est pas aussi encaissé que je l’imaginais.
C’est à l’automne que ça doit être magnifique, avec les arbres aux feuilles flamboyantes. En levant les yeux nous repérons les virages de la route de Bouisse que nous aurions pu choisir: elle doit être très belle aussi car elle arrive par le haut et doit offrir de très beaux points de vue.
Après 13 km le long de l’Orbieu nous quittons la D212 après un élargissement de la rivière en direction de Termes. Le château apparaît subitement, perché sur son sommet. Premier commentaire: on espère qu’il ne faut pas grimper là-haut!
Non, le château médiéval est construit à l’écart du village, 120 m au dessus. La route se met néanmoins à grimper sec. Mais le paysage est très beau. Elle s’engage par une série de tunnels dans les gorges du Terminet, constituées d’une suite de chutes d’eau et de cascades réputées pour le canyoning. Pause photos et barres énergétiques.
Hommage aux hommes qui ont cassé le cailloux pour ouvrir cette route en 1903 : merci à eux! Un couple de cyclos, les premiers de la journée, débouche du tunnel “tous feux éteints”.
Le village de Termes est très mignon et accueillant.
Je suis sûr que la visite du château est intéressante mais compte tenu de l’heure, nous ferons l’impasse. Nous ne visiterons que l’église paroissiale romane. Près de la rivière des volontaires s’affairent pour préparer le lieu pour le pique-nique festif du village. La mairie semble très dynamique, malgré la taille microscopique de cette commune: des robinets, des sanitaires bien équipés et propres, un espace pour pique-niquer dans l’herbe, en bord du torrent où les truites fario ne se cachent pas. Franchement, ce serait le lieu idéal pour la pause déjeuner (il y a aussi un tout nouveau petit restaurant dans la rue principale) mais compte tenu de la grimpette qui nous attend, on préfère continuer avant de casser la croûte. Nous ne regrettons pas le crochet par Termes. Le chasseur de col, lui, sera récompensé de 3 nouvelles coches en 6 km.
Au col de Bedos, nous rejoignons la D613, route nettement plus large que ce que nous empruntons d’habitude, mais presqu’aussi déserte que les autres. Elle nous permet de descendre sans toucher aux freins jusqu’à Félines-Termenès où nous nous arrêtons pour casser la croûte, ce que nous faisons au beau milieu du village assis sur un banc ombragé. Nous ne nous attardons pas: il n’y a pas le moindre café dans ce village. Pour cela nous devons poursuivre jusqu’à Villerouge-Termenès, beaucoup plus intéressante, ce qui me permettra de cocher un col très insignifiant mais néanmoins recevable pour la confrérie. Je ne m’arrêterai même pas pour une photo.
Villerouge-Termenès est par contre un village doté d’un très beau château médiéval dit “cathare”.
Nous trouvons facilement un café, parfaitement situé en face de ce château, sur la place de la mairie. Le lieu est sympathique, où touristes comme autochtones se retrouvent pour un verre ou un repas.
Hélas, nous ne pourrons pas plus prendre le temps de visiter ce château que celui de Termes. Nous déplions la carte sur la table du café pour trancher le dernier arbitrage possible sur le moyen de rejoindre notre voiture à Narbonne. Nous pouvons continuer sur cette très roulante D613 en direction de Saint Laurent de la Cabrerisse, l’”autoroute de la mer” comme la surnommait Didier hier. Pas emballant. Nous retenons une autre solution: partir vers l’Est (la Méditerranée) par une route blanche à travers le massif des Corbières. C’est plus long mais le relief devrait être plus relax, paradoxalement. En effet, un col tout proche et “plat” tient lieu de seuil au-delà duquel nous basculerons en mode descente jusqu’à la plaine littorale car nous pourrons suivre des routes qui longent les cours d’eau.
La reprise après la pause café dans la chaleur est un peu poussive mais le calme et la beauté des paysages sauvages nous enthousiasment. Depuis Termes et le col de Bedos, ils sont devenus plus méditerranéen. En descendant sur Albas, les forêts de chênes et une végétation de garrigue s’étendent à perte de vue, sans aucune ferme ni village visibles. Dans ce splendide vallon, la vigne prend petit à petit place. On se régale, ravi de ce choix d’itinéraire.
A Albas, la route fait un coude dans un vallon creusé par la rivière qui se faufile à l’extrémité d’une splendide synclinal.
La descente continue dans la gorge par une route encore étroite pour quelques kilomètres avant que nous rejoignions à Villeneuve une route bien plus large. Arrêt à Durban-Corbières pour un coca cola aux glaçons (que je ne confond pas) puis poursuite sur une route de plus en plus chargée en voitures. Catherine est en général assez réticente mais là, compte tenu du vent de face et de la circulation, elle se met dans ma roue. Nous roulons vite (pour nous; environ 28 km/h), car nous voulons sortir au plus vite de cette zone d’une dizaine de km très chargée, fin du week-end de la Pentecôte oblige. Arrivés à Portel, juste avant de rejoindre la N9, nous pouvons enfin prendre la tangente sur une route agricole qui nous amène tranquillement à Peyriac-de-Mer au bord de l’étang. Le paysage a changé très vite. Après le relief quelques fois encaissé des Corbières, nous sommes désormais dans le paysage plat du littoral et des anciennes salines.
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