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09 juillet 2024

4 jours de bikepacking en Aveyron - Cantal J2

J2 Aubrac - Cantal
Comme annoncé par la météo, le vent s’est levé dans la soirée et forcit dans la nuit. Celle-ci fut néanmoins bonne, passée à l’abri d’une haie, sous un arbre. Réveil et lever vers 5h45 ; pliage, pas de petit déj tout de suite. C’est une stratégie qu’on adopte de plus en plus souvent pendant nos voyages à vélo. Au programme de cette aube ventée : poursuite de la grimpette sur les hauteurs de l’Aubrac.
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La route s’élève au point que le paysage laisse de plus en plus de place aux prairies. Comme un idiot, hier soir, lors de la toilette, j’ai laissé ma bouteille d’eau dressée, instable, sans la reboucher. Cinq secondes d’inattention plus tard, c’est une bouteille allongée dans l’herbe et vide que je ramasse. Plus une goutte d’eau pour la nuit mais surtout pour le reste de la montée. C’est au cours de ces quelques centaines de mètres de pente assez raide que, la bouche de plus en plus sèche, j’en paie le prix.
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Vers 1200 m, au hameau de Cats, je finis par trouver une ferme aux habitants présents et visibles auprès de qui je peux m’enquérir d’une fontaine. C’est la grand-mère qui sort la première, flanquée de 2 petits curieux et qui me l’indique. Mon apparition si matinale lui semble manifestement un peu incongrue mais cela ne l’empêche pas d’établir le contact par un échange de mots banals, certes, mais utiles pour établir la relation. Le grand-père ne tarde pas à apparaître à son tour pour, lui aussi, participer à la conversation. Il parle de ce beau pays auquel il apparaît très attaché, de sa rudesse hivernale (bien que la neige soit devenue moins omniprésente l’hiver, de nos jours), de ses vaches, de la difficulté des jeunes à reprendre l’exploitation. Mais papi est fier, non seulement de son fiston qui a pris sa suite, mais encore plus, me semble-t-il, et par anticipation de ses 2 garçonnets qui aiment tant les vaches et le travail à la ferme (les tracteurs). La pression de reprendre s’exerce tôt, c’est évident. En parlant du père, le voici qui sort à son tour, sympathique comme ses parents mais un peu moins causant. Puis, enfin, la mère, très jolie jeune femme blonde qui semble avoir moins de temps pour les palabres : la conduite des enfants aux activités des vacances qui commencent est à son programme. Voilà qui me donne l’excuse idéale pour prendre congé et reprendre la route. N’allez surtout pas croire que ces échanges aussi spontanés qu’imprévus me lassent; bien au contraire. Ils sont le sel de ces escapades. Mais tel le sel, tout est question de dosage. J’ai des kilomètres à faire. D’autant que mon écart d’avec la route prévue, décidé sur un coup de tête hier soir, ne m’a nullement épargné du dénivelé, comme je le croyais. Ce matin, après avoir bien grimpé, je suis bien redescendu, perdant illico l’avantage espéré la veille par ce choix (ne pas perdre inutilement de l’énergie à redescendre au niveau du Lot).
C’est finalement dans le village de Vieurals que je trouverai le bon endroit pour prendre agréablement mon petit déjeuner, au milieu du bourg. Si depuis la croix du carrefour de Trelans je roule entre 1050 et 1150m d’altitude, depuis une bonne heure et 13 km, après Vieurals c’est la dernière montée vers le point le plus élevé roulable sur l’Aubrac. Le signal de Mailhebiau, sommet du plateau, est approché au plus près. Le passage du bassin versant du Lot à celui de la Truyère donne de rentrer véritablement dans les paysages grandioses de l’Aubrac dont je raffole, été comme hiver.
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Ici point de crête aiguisée. Nous sommes en lisière d’un plateau incliné. Les futaies de hêtres ont disparu. Place aux estives, aux tourbières et aux rares mais salutaires (en hiver) plantations de résineux.
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Mon prochain objectif est le petit mais renommé village d’Aubrac.
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Le chemin de Saint Jacques y déverse un flot ininterrompu de marcheurs. L'hôtel restaurant où je m’arrête prendre mon café (tardif) du matin offre aux plus parisiens une halte à la hauteur de leur imaginaire pittoresque. La charmante serveuse qui, la veille, parcourait le plateau à cheval ne dénote pas. Elle renseigne fort précisément le touriste qui souhaite marcher sur le gr que celuu-ci est réservé aux piétons et interdit aux chiens en cette saison (ils en ont un au bout d’une laisse) car la cohabitation des canidés avec les vaches Aubrac qui nourrissent leur veau est potentiellement source de conflit (à l’avantage du bovin, au détriment du canidé et de l’humain). Contrarié dans son désir de randonnée, le-dit touriste insiste “est-ce que c’est vraiment surveillé ?” (traduction : “est-ce que je risque de me prendre une amende s j’y passe quand même ??” La serveuse:
- “???”

Puis d’un air estomaqué : “oui”
Je viens alors l’aider un peu :

Pour votre information, je viens de croiser le Duster des gardiens du Parc 1 km plus haut.
Voilà qui semble avoir eu raison de la tentation du touriste. Je n’aurai pas besoin de lui sortir ce que je m’apprêtais à lui dire mais cherchais la bonne manière de le faire qq:
“ Pauv’con, C’est pas une histoire d’amende!!!
Elle est en train de te dire que c’est dangereux pour toi, ta femme et ton chien d’y aller !!
C’est pour TA sécurité cette interdiction, pas pour t’emm…..!!!!!”
Après une visite de l’église de ce très vieux village, je reprends la route, non sans me replonger dans mes souvenirs. Je passe en bordure de la propriété du Royal Aubrac, ce centre de vacances énorme, ancien sanatorium où ma cyclote et moi avions trouvé refuge lors de notre premier tour à vélo (VTT) ensemble, en 1987, alors que la pluie nous avait trempé jusqu'aux os et que la perspective d’une nuit sous un abri mono paroi peu résistant à la pluie nous plombait le moral. 2 ans plus tard, nous nous marions.
Souvenirs, souvenirs…
En ce jour radieux de juillet, il n’y avait que du bon, du beau là-haut. Des paysages verts et fleuris striés de clôtures aux premiers plan, bleutés et sans limite nette tant la vue porte loin. Des paysages que je ne peux m’empêcher d’imaginer couverts de neige.
A la station de ski de Brameloup un carrefour me donne une dernière opportunité de changer mon plan : panneau St Urcize. Mais non, je prends à gauche vers Laguiole où j’arrive après une longue descente formidable : larges courbes, belle chaussée, vastes paysages une fois la forêt du haut dépassée. De quoi prendre ce qu’il faut de vitesse pour les sensations tout en laissant tranquilles mes Mafac peu mordants sur mes vieilles jantes non usinées. J’arrive ainsi à l’une de mes “envies”: le village de Laguiole. Bon, eh bien, comme J. Brel, je voulais Laguiole et j’ai vu Laguiole. Que dire ? Des couteaux, beaucoup de marchands de couteaux. Aucun qui ne tente ma carte bleue, qui restera sagement dans ma sacoche de guidon. Pas fan des produits de luxe… Je resterai fidèle à mon Victorinox depuis que je perdis mon Wenger adoré et accessoirement à mes Opinels.
Je ferai mes courses pour le pique-nique du midi et je repars.
C’est au village de Trevisse que je m’arrête manger mon casse-croûte et là aussi que je décide de ne pas poursuivre sur mon plan initial. La météo est formelle : dès ce soir l’orage viendra. Donc direction Pailherols et son gîte d’étape “les flocons verts” pour une nuit au sec.
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Je m’y rends au plus court. Cela implique de descendre vers le Nord, de traverser la Truyère sur le barrage de Sarrans et de remonter ensuite sur le beau plateau agricole de Thérondels avec en ligne de mire le Plomb du Cantal.
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Avant de rejoindre mon gîte, alors que la montagne se couvre de nuages d’orage, je fais le petit crochet de moins d’un kilomètre pour aller pointer virtuellement au morceau de terre aveyronnais le plus septentrional.
A Pailherols, joli village cantalien, je trouve mon gîte, grand bâtiment permettant d’accueillir des groupes, dans lequel je passerai seul la nuit, seulement accompagné d’un couple de retraités de l’Allier. Une télé permet à mes compagnons d’un soir de regarder la demi-finale. Je n’arrive pas à me motiver pour rester avec eux ne fût-ce qu’une mi-temps. Je monte me coucher alors que dehors, des seaux d’eau se déversent avec fracas sur le paysage et sur le velux de ma salle de bain. “20€ bien dépensés” me dis-je en fermant l’œil après une bonne journée de 108km et près de 1800 m de D+. Mon tarp n’aurait pas suffi à me garder sec, contrairement à mon gîte d’un soir.

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