En ce qui me concerne, un voyage à vélo est (presque) toujours le fruit d’une opportunité et d’envies préexistantes qui, telles des graines, peuvent prendre plusieurs années pour germer. Cette fois-ci (début juillet), l’opportunité était fournie par un stage de 4 jours se déroulant à St Côme d’Olt en Aveyron auquel mon épouse s’est inscrite. Cette "bambée" sera l'occasion de piocher plusieurs graines d'un coup que je fais enfiler comme sur un collier qui formera ce projet : Larzac, sources de l’Aveyron à Séverac le Château, sommet de l’Aubrac, Laguiole, versant Sud du Plomb du Cantal, Châtaigneraie (un des pays du Cantal), Conques, vélo-route de la vallée du Lot.
Soyons clair: je n’ai pas totalement exploré chacune de ces “graines d’envies”; j’ai dû faire des compromis, comme toujours. Par exemple, sur le Larzac, je voulais initialement prendre l’ancienne route royale qui descend sur Millau à partir du plateau, un petit bout de route repéré sur la carte depuis des années. Dans le Cantal, désirais grimper aussi haut que possible à vélo dîner dans un buron et bivouaquer sous le plomb du Cantal pour pouvoir y monter à pied le lendemain matin. La vélo-route de la vallée du Lot, que je ne connais pas, je ne l’ai finalement pas parcourue sur autant de longueur que je l'aurais souhaité. Mais dans l’ensemble, j’ai réalisé un très beau projet, qui ne fut perturbé par la météo qu'à la marge.
J1 Larzac -vallée du Lot.
Départ de l’Hospitalet du Larzac, à la sortie de l’autoroute A75.
Je n’en connais que la partie supérieure, où j’ai roulé avec mon copain Phil (Vaber) il y a quelques années. Quand nous étions ici ensemble, la vallée était toute enfouie dans le brouillard. Aujourd’hui, la vue est belle du bord du causse:
Je prends le temps d’explorer le petit village templier de Sainte-Eulalie-de-Cernon.
Cette route est parfaite pour commencer de manière cool (à tous les sens du terme): la pente permet de rouler assez vite, sans effort et sans devoir freiner (donc gaspiller de l’énergie). Le paysage est très beau, avec une végétation luxuriante grâce aux précipitations des derniers mois.
- "Mince!!, la route est indiquée “barrée à 10 km”". Je n’ai pas trop d’alternatives donc je continue. On verra bien J’arrive sur la zone de travaux. Pas de souci. Je peux passer à côté de la chaussée en cours de réfection.
En bas de cette descente, j’arrive à St Rome-de-Cernon. Pause viennoiserie à la boutique associative installée dans son Algeco; échange sympa avec a personne qui me sert et je repars sans tarder. St Rome, de Tarn cette-fois-ci, n’est pas loin: une petite montée avant la descente jusqu’au village où je fais les niveaux, puis franchissement du Tarn avec quelques petits kilomètres le long de la rivière avant d'entamer une longue montée de près de 25 km.
Je remonte entièrement la vallée de la Muse par une petite route bien tranquille, bien ombragée la plupart du temps.
Elle traverse de beaux villages; je ferai le détour par Roquetaillade et St Beauzély où subsiste cette splendide balance "vintage":
Je m'alimente régulièrement pour pouvoir repousser un peu le moment du pique-nique que je veux faire tout en haut, pour profiter de la vue que j’anticipe splendide.
Je ne m'y suis pas trompé: ce point haut du Lévezou offre au regard une bonne partie de cette partie méridionale du Massif Central. Du Nord, avec le versant Sud de l’Aubrac, au Sud, tout au loin dans la brume, au delà du Larzac, avec le massif de l’Aigoual, ce sont les massifs de la Margeride, le sommet du Mourre de la Gardille (source de l’Allier), la montagne du Goulet (source du Lot), le Mont Lozère (source du Tarn) qui s’affichent en panoramique. Après une bonne pause à l'heure chaude de la journée avec micro-sieste dans l'herbe, je rejoins Séverac-le-château et les sources de l’Aveyron. J’avais 2 options pour les rejoindre; j'ai choisi de descendre par une petite route agricole repérée sur la carte mais je regretterai ce choix. En effet, la pente est bien raide, ce que je trouve peu plaisant, particulièrement avec ma Méral dotée de freins Mafac Racer et surtout de vielles jantes non usinées qui rendent le freinage peu puissant. J’aurai dû revenir100m en arrière pour descendre par la petite départementale plus directe. Lorsque je rejoins Séverac, je traverse la voie ferrée par un PN flanqué d’une maison d’ancienne garde-barrière. L’occupante actuelle des lieux répond de bon cœur à ma curiosité : je m’interroge sur le nombre de trains qui circulent sur cette voie sérieusement concurrencée par l’A75. - “Plus de trains” me répond-elle pour commencer avant de se reprendre : " si, 2 par jour depuis quelques jours. Plus le train des hooligans, celui du dimanche soir ".
Elle m’explique que c’est le train que prennent les pensionnaires du lycée professionnel hôtelier de St Chély-d’Apcher et à partir duquel ils bazardent toutes sortes de détritus par les fenêtres. 2 trains par jour!! Ça me laisse songeur... Tout cet argent mise dans cette ligne de chemin de fer pour des raisons politiques! Faire plaisir à des gens en maintenant sous perfusion le service public du train mais qui ne le prennent pas : trop lent, peu commode sur son tracé et donc concurrencé par l’autocar et évidemment, la voiture individuelle. Enfin, de passage à la gare SNCF de Séverac, je repère quand même les rares trains qui fonctionnent. Ca pourra servir, le cas échéant, pour de futurs projets train+vélo.
Après cet échange sympa, me voilà reparti en direction des sources de l’Aveyron. J’emprunte un joli chemin de gravier suffisamment roulant pour ma randonneuse qui m'y mène directement ... et sans crever.
Les sources se situent dans un vallon verdoyant, ombragé, très agréable. Une habitante du coin, présente sur le site, me renseigne: j’ai de la chance, la source est bien alimentée après les pluies de la saison. Ca n'est pas le cas tous les étés. Elles sont au nombre de 3, les résurgences qui forment les sources de l’Aveyron. La principale sert de captage d’eau potable. Comme souvent, et particulièrement dans cette géologie de plateau calcaire qu’on appelle par ici “causse”, il s’agit de la résurgence d’un ruisseau souterrain.
Après ce but atteint, il me restait le suivant : progresser autant que possible sur mon itinéraire projeté. Je me doutais bien qu’il me manquerait du temps pour visiter le vieux Séverac. Après un rapide crochet par la gare, je prends la direction du col de Lagarde. La route longe la ligne de chemin de fer et j’ai la chance de voir l’une des 2 rames de la journée passer à côté.
En redescendant, sur les conseils de Vaber, je fais le crochet par les vestiges d’une villa romaine et de ses thermes,
fait mon plein de courses à la supérette du bled et continue vers St Laurent d’Olt. C’est là que je franchirai le Lot pour continuer vers l’Aubrac. J’ai choisi cet itinéraire car il est emprunté par la vélo-route du Lot. C’est une très agréable petite route sans circulation qui grimpe sur les hauteurs de la rivière, passe dans de petits hameaux. C’est forestier. Mon idée était de bivouaquer près de la rivière mais comme j’ai pas mal grimpé, je rechigne à remettre toute cette D+ sur le tapis pour reprendre à zéro le lendemain matin. Après un rapide coup d’œil sur la carte, je décide de changer mon plan. Je mange mon dîner du soir sur une table de pique-nique opportunément mise sur ma route puis continue mon ascension jusqu’à trouver un lieu de bivouac. Le soleil est déjà couché. Il fait doux. Après avoir repéré un champ fauché, certes un peu incliné, je choisis de m’installer derrière une haie sur un replat un peu virtuel, à l’abri du vent de vallée qui s’est levé. Bien m’en a pris car le vent va forcir dans la nuit et je resterai protégé. La journée s’achève avec 124 km et 1670 km au compteur. Belle journée de vélo.
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